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LE SACRE {Mahaut & Beau}

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Beau Caligari
la nuit je mens, à Paris je me fonds

MESSAGES : 25
DATE D'INSCRIPTION : 07/11/2015

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MessageSujet: LE SACRE {Mahaut & Beau}   LE SACRE {Mahaut & Beau} EmptyDim 15 Nov - 1:58


le sacre

Se gorger de sang, étancher la terrible soif. La langue râpe sur les peaux pâles, privées de vie. Il se repaît du spectacle de la chair innocente et de l’écarlate vicié. Silence cérémonial. Il savoure le rouge comme un bon cru. Une bouteille de quarante ans d’âge. Maturation achevée, une femme entre jeunesse et début de la décrépitude. Il les cueille ainsi, entre deux âges. Il maintient en vie plusieurs poches de sang et se sert à loisir. Le laboratoire est souterrain, il y fomente ses expériences de chimiste fou. Le dessus est plus cossu, bien que la façade soit décatie, il mène toujours une vie de roi. Un équipement moderne au sein d’un mobilier ancien. Un pied à terre new-yorkais, « pour affaires » a-t-il tendance à répondre machinalement.

La nuit tombée, il s’enfuit en berline noire, rejoint les festifs et désœuvrés. Mais ce soir, il rend une visite de courtoisie à une éclopée qu’il a charcutée proprement pour sauver l’élixir délicieux qui coule dans ses veines. Monsieur ne parle pas de vie, mais d’élixir, chacun sa définition. Il est proche de trois heures du matin lorsqu’il saute par-dessus la balustrade du balcon. Il a fait mieux comme entrée, mais il n’est pas toujours inventif. Tel un fieffé filou, il se faufile à l’intérieur sans mal, aussi discret que peut l’être une créature surnaturelle nyctalope. Il observe minutieusement le drap qui laisse entrevoir les formes féminines. Il n’a pas le regard pervers, mais celui d’un chirurgien en train d’examiner une patiente. Il note des mesures et détails, se demande s’il osera…D’un geste sec, il retire l’obstacle de tissu et dévoile la peau d’albâtre. Il s’insinue dans l’intimité d’une mortelle sans honte, étudiant l’anatomie récemment dépossédée du précieux morceau. Il tâte à peine l’épiderme sensible, effleure la surface, fait abstraction du membre fantôme, compte les centimètres, scanne la jambe valide de son regard acéré.

Le docteur Caligari ne la voit pas comme une femme, davantage comme un objet d’étude. Aucune pitié pour le sommeil du juste, cela ne l’affectant guère, il dérange celui des autres, normal. La scène pourrait être ambiguë, toutefois, il n’éprouve qu’une froideur scientifique. Il devrait partir, mais fasciné par l’atmosphère ouatée, il ferme les yeux, se fige comme une statue. Une pierre tombale. Il se remémore les derniers événements, comment il a dérobé la demoiselle de sa misère, dans cet infâme caniveau. Il roulait sur le bas-côté quand il l’a vue s’affaisser, épave laborieuse, la pluie trempant les cheveux d’ébène. Son attention s’est fixée sur la traînée bien familière du rouge se diluant doucement dans les eaux souillées. Il aurait pu l’achever généreusement vu son état. Ça a titillé son esprit une brève seconde. Encore une vie à faucher. Il aurait pu lui donner le baiser de la mort pour qu’elle atteigne une paix salutaire. Il aurait pu.


(C) AMIANTE
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