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Rêve parisien.

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Priam O. Androdomyus
la nuit je mens, à Paris je me fonds

MESSAGES : 264
DATE D'INSCRIPTION : 10/10/2015

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MessageSujet: Rêve parisien.   Rêve parisien. EmptyMar 27 Oct - 21:19

L'entité aux amours multiples

   


Adossé à une grande chaise, Priam observe la créature face à lui. Si il avait demandé à dîner avec cette demoiselle, c'est parce qu'il était curieux. Elle n'était pas humaine, il le sentait. Autrefois, peut-être. Jolie, sûrement, aujourd'hui comme hier. Une faucheuse. Elle lui rappelait vivement une voleuse, ou une danseuse, aux mains agiles et aux sourires trop rares. Il alluma d'un geste souple une cigarette et ignora le froncement de regard d'un serveur qui passa à côté d'eux. « Je suis heureux que vous ayez accepté mon invitation. » Courtoisie inutile. Elle sera payée bien entendu. A son aise de la faire manger, non ? Sûrement s'attend t-elle à, comme à son habitude, devoir payer de son corps les regards d'autrui. Il avait eu besoin de parler, à une oreille externe, qui ne savait rien de lui. Ambroise était trop proche. Les autres, eh bien, ils étaient encore trop embourbés dans ses secrets et ses identités. Il avait entendu sa voix, à cette sirène des temps modernes, fauchée par la mort et rejetée des royaumes. Il l'avait désiré, non pas comme on peut avoir envie de quelqu'un, mais pour la beauté de son chant. Il avait été charmé, l'avait écouté jusqu'au bout. N'avait pas été surpris d'apprendre qu'elle se prostituait. L'homme est parfois conduit à faire des choses. Il n'avait pas à juger.

Priam respira une bouffée de sa cigarette et l'expulsa par les narines. Il souriait toujours, sans que l'on sache déterminer si il se moquait ou non. Il n'avait rien commandé, hormis un verre de brandy le plus cher. Le choix à la demoiselle de prendre ce qu'elle désire. Les questions qu'il devine, ou peut-être s'enfiche t-elle. « Que la situation soit claire. Je ne veux pas de vos apprêts habituels. Si je vous ai, ce soir, c'est parce que vous savez chanter. » Le compliment maladroit, sous le timbre de voix rauque. Presque musical lui aussi. « Peux t-on tomber amoureux d'une silhouette, Miss ? » Une question aux formes tordues, aux arrêtes tranchantes. « Vous qui êtes une entité aux amours multiples et déraisonnés, que savez.-vous de l'amour ? Je vous en prie, instruisez-moi. » Une réelle interrogation. Pas de cynisme ou de sarcasme. Il fait rouler par vague le liquide ambré et le boit. Brûlante poussière aux flots alcoolisés. « Vous savez, comme moi, que nous sommes uniques. » C'est prononcé presque si tendrement. Peut-être, comme Pétra, ne peut-elle pas réaliser qu'il est une gargouille. Sourire aux dents d'ivoire. « A être unique, émotions uniques. » Il a le regard troublé. De ceux qui ont vu l'univers et qui ne se remettront jamais de cette existence. De ceux que le simple fait d'écouter un coeur battre ébranle au plus profond de leur carcasse poussiéreuse. « Les ruines peuvent-elles avoir un intérêt ? J'ai oublié comment l'on faisait, pour ressentir comme un homme. » Une supplique silencieuse. Aidez-moi à voir clair dans tout cela. Parce qu'il ne sait pas ce qu'il, Priam. Arrêter les émotions, ou les contrôler. Il ne sait pas si il doit haïr Pétra, ou se réjouir qu'elle mourra un jour, ou s'en attrister. Il ne sait plus comment on aime ou comment on déteste. Il sait juste le goût du temps et les pleurs de la pierre. Il veut retrouver cette résonance ancestrale, qu'il a trouvé dans la faucheuse brune. Il veut continuer à éprouver ça, parce que ça lui donne l'impression de renaître, même si c'est douloureux. Peut-être n'est-ce que temporaire, une émotion fugace qui se réveille pour mieux retourner mourir. Mais sa curiosité a toujours été forte, à Priam. « Pourquoi a t-on besoin des autres, Miss ? Pourquoi nous en remettre à leur regard et à leurs sourires, quand le temps ne signifie plus rien ? » Il en a, des questions, Priam. Des tordues, des hérissées comme des armes, des douces et des enfantines. Il en a un paquet. Il finit la cigarette, l'écrase négligemment dans le cendrier. Les prunelles aux abîmes. Le sourire délicat, brisé.

   
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Calla Pettersen
la nuit je mens, à Paris je me fonds

MESSAGES : 439
DATE D'INSCRIPTION : 09/10/2015

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MessageSujet: Re: Rêve parisien.   Rêve parisien. EmptyDim 1 Nov - 23:13


“She doesn’t want to reveal jealousy or even interest, though she suddenly realizes that she feels both.”


PRIAM & CALLA





La nécessité. Tout n'est qu'une question de besoin. Bien que celui de se nourrir n'existe plus, en tout cas de la façon qu'on le conçoit, les autres sont toujours présents. Garder l'appartement, la pièce des mensonges. Là où opère la magie des mots sur les âmes désespérées ou curieuses d'un avenir pitoyable. Les vêtements pour faire semblant, toujours des collections passées quand il lui reste quelques billets à la fin du mois. Ça fait un petit moment qu'elle ne s'est pas accordée ce petit plaisir. Calla n'est plus séduisante dans cette robe déjà trop portée. Elle a l'impression que l'odeur des faibles s'est imprégnée dans le tissu. Le sourire poli, forcé pour quelques billets. La situation est étrange. D'habitude quand il y a un dîner, elle n'est pas seule avec le client. Elle sert d'accessoire comme une montre hors de prix, sauf qu'ici, il n'y a personne pour admirer les bons goûts de l'homme.  Ça la met presque mal à l'aise. Il formule la phrase comme si elle avait eu le choix. Ils aiment souvent se donner cette importance. Penser qu'elle a accepté par envie et non par besoin. Une invitation ? Qu'il appelle ça comme il le souhaite, si ça peut l'aider à se sentir mieux. Si ça l'aide à déculpabiliser de faire appel aux services d'une prostituée, alors tant mieux. « C'est un endroit charmant. » Un où elle n'a pas sa place.
La commande est passée. A peine le serveur est parti qu'elle oublie le plat. Le premier sur lequel ses yeux se sont posés. Elle n'y touchera pas. Le regard est perdu. La femme est égarée par cette première phrase étrange. Le désir de le voir s'expliquer s'affiche clairement. Elle espère que les prochains mots seront plus simples. Bien qu’apparemment, elle ne soit pas là pour écarter les cuisses, elle se voit mal gérer un dingue le reste de la soirée. Calla se redresse. Croise les bras pour occuper ses mains. Elle le laisse parler. Poser ses questions et ça semble être sans fin. Amour. Amour. Amour. Ne voit-il pas qu'il parle à une gamine ? Quelques fois, elle a l'impression que les questions prennent l’apparence de jugements. C'est peut-être maladroit ou souhaité. Il se joue peut-être d'elle. Elle ne le quitte pas des yeux, pas une seule seconde. Il l'intrigue. Lui et ses questions. Lui et son argent qu'il jette par les fenêtres. Unique ? On lui en a dit des choses, mais celle-ci c'est la première fois ! Elle ne comprend pas de suite qu''il parle de sa condition. Sa nouvelle nature, mais quand ça arrive enfin à sa cervelle, elle s'avance un peu plus vers lui. Autant que peut lui permettre la table. Prise au piège, c'est ainsi qu'elle se sent. Il la tient, elle et son secret. Elle et son appétit étonnant. « Que je comprenne bien, vous m'avez invité ici pour que je vous donne des conseils ? » Une gamine qui n'a même pas l'âge légal pour boire dans tous les pays. Une enfant qui refuse ce sentiment qui rend faible. Peut-être a-t-elle déjà été victime de cette maladie et si c'était le cas, ça ne le concernerait en rien. « En quoi le fait d'écarter les cuisses pour quelques billets me donnerait un avantage sur ce grand mystère qu'est l'amour ? » Elle s'amuse à répondre par d'autres questions. Le faire patienter et poser certaines limites. Les questions d'ordres privés ne font pas partie du  contrat. « Vous voulez savoir si on peut tomber amoureux d'une silhouette ? » La question la fait rire. Elle ne s'attendait vraiment pas à ça. « Je ne pense pas. Je trouve même cette idée ridicule. Ce ne sont que des sentiments fragiles qui naissent à cause d'une certaine solitude. »  Alors l'être s'agrippe à la première personne plus ou moins intéressante. Celle qui sort du lot. Celle qui tombe au moment parfait pour nous sortir de  la médiocrité ambiante. «Ce que je sais de l'amour ? Vous êtes bien curieux ! » Un peu trop même. Calla aime que sa vie privée le reste, surtout avec ceux qui payent. L'argent ne donne pas tous les droits. Les questions dépassent largement les limites qu'elle a l'habitude de poser pourtant elle y répond, sans doute car c'est la seule chose qu'il veut d'elle ce soir. Qu'elle se sent obligée de lui donner ça pour avoir son argent. Ne pas perdre la soirée. « Pas grand chose, seulement ce qu'on veut bien nous montrer dans les films ou les livres. Des mots, des sensations qui n'ont aucun sens. » Un essai pour le décourager. Lui faire croire qu'elle n'est pas la bonne personne à qui demander ça. Il arrêtera peut-être les questions. Écourtera la soirée, mais il a l'air d'y tenir à ses questions. « L'amour pour être véritable doit être complet. La connaissance parfaite de l'autre, mais surtout accepter de devenir faible. D'être vulnérable. » Écho à sa propre histoire. Chose qu'elle n'a pas réussi à faire. Elle lui donne ce qu'elle pense de l'amour, pas celui des films. Pas le coup de foudre, non, celui qui naît petit à petit. Au fil des heures, des jours passés à côté de la personne. « Maintenant, soyez franc. Cette demoiselle ou cet homme, que voulez-vous partager avec lui ou elle ? Car d'une chose à une autre, la façon de s'y prendre change complètement. »  Elle évite les mots crus et se transforme en coach en séduction. Reconversion possible pour le futur. « Elle doit vraiment être exceptionnelle pour que vous vouliez vous rabaisser à ressentir comme un homme. » Une pointe de jalousie. Pas envers cette femme, non, envers lui. L'homme est prêt à beaucoup pour si peu alors qu'elle n'était pas capable de si peu pour beaucoup.  « Qu'êtes vous? »



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