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petra . la romance mise au débarras

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Lech Wronski-Geier
la nuit je mens, à Paris je me fonds

MESSAGES : 32
DATE D'INSCRIPTION : 15/10/2015

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MessageSujet: petra . la romance mise au débarras   petra . la romance mise au débarras EmptyVen 16 Oct - 23:17


la romance mise au débarras

Une pluie légère frappait sur les carreaux, mais personne n’y faisait attention – les bruits de la salle couvraient tout. Les gens discutaient, sans quitter des yeux les danseurs qui, sur les planches, faisaient frémir tout leur corps. La musique, fiévreuse et vigoureuse, faisait suer et  remuer les stars de la soirée. Mais, cette fois-là, Lech ne faisait pas partie des musiciens. Il était venu en find ‘après-midi, par un vagabondage inopiné, jusqu’à la porte des artistes du Moulin rouge. Là, une danseuse l’avait vu, l’avait interpellé, puis était venu lui faire la bise. Deux baisers, un volontairement trop dans son cou, et l’autre volontairement trop sur sa bouche. Puis, s’amusant de la gêne qu’elle faisait naître en Lech, la baladine était restée tout près de lui et, passant un doigt sous le cuir de sa ceinture, joueuse, l’avait invité à ses répétitions. « Je prépare un nouveau numéro… Dis, Leszek, tu veux bien venir m’aider à mettre mon costume ? Il est tout neuf, je ne sais pas encore par quel trou l’enfiler. »  Et sur ses derniers mots, elle avait appuyé avec force. Cela suffit pour que le châtain détourne les yeux et se débatte pour échapper à ses griffes de tentatrice – mais elle le tira encore un peu, et elle l’embrassa sur le menton. « Eh ! » « Oh ! Je t’ai mis du rouge à lèvre… viens, que je te débarbouille. »

C’était ainsi que Lech avait été fait captif. Il avait refusé de l’aider à enfiler son justaucorps de perles et de plumes, mais ne s’était pas opposé à l’idée qu’on enlève de son visage toute trace des baisers de la hardie tentatrice. Les danseuses s’étaient non seulement affairées à le démaquiller, mais s’étaient aussi bousculées pour le recoiffer, le parfumer, le serrer contre elles et leur demander de tâter leurs seins, pour vérifier qu’il n’y avait pas de grosseur anormale… C’était devenu un de leur jeu favori : faire rougir d’embarras Lech le plus rapidement possible. Des points supplémentaires étaient attribués à celles qui lui demandaient de se lever, et obtenaient de sa part un refus… Pourquoi ? Parce que, voyons.

Evidemment, Lech appréciait peu ces jeux. Mais, malgré lui, il revenait toujours par ici. C’était que, finalement, elles le distrayaient et, pour quelques heures, Lech oubliaient son ennui de vivre au profit de la honte d’être homme. Et, il savait que, souvent, elle intervenait avant que tout ne prenne un tournant trop sérieux. Elle… le châtain ne trouvait pas son visage, parmi ceux l’entourant. Il humecta ses lèvres, et osa faire de ses pensées des mots. « Où est mademoiselle Petra ? » Un silence. Quelques regards échangés. Des rires retenus. Il demandait Petra… avait-il, lui aussi, un faible pour elle ? Les danseuses l’entourant étaient déjà convaincues que Petra avait un faible pour Lech. Toujours, la brune venait défendre le châtain, houspillant légèrement ses congénères, leur reprochant de gêner les autres danseuses avec leurs sottises. Un homme dans les coulisses pouvait encore passer, mais s’il devenait une source de désordre, cela n’allait plus ! Surtout si c’était à ses dépens… Le pauvre jazzman avait appris à trottiner derrière les rideaux, ses mains croisées sur le bas de ses reins, pour limiter le nombre de fois où on lui pincerait l’arrière-train… se balader ainsi lui était fort désagréable, qui plus est : il boitait encore plus, et donnait vraiment l’impression d’être en peine. Mais les danseuses le trouvaient, dans sa misère, plus charmant encore. Lui qui faisait tout pour camoufler ses défauts, le voilà dépouillé de tout son orgueil !

Et, cela serait plus charmant encore s’il venait à s’enticher d’une d’elles… même si ce n’était pas la plus amicale du groupe. Voilà qu’elles s’imaginaient des rencontres romantiques, dans les coulisses ! Elles conseilleraient Petra sur sa façon de faire, et aideraient Leszek à choisir les meilleurs cadeaux pour la demoiselle… Oh, il fallait faire quelque chose pour les aider à conclure. Voilà qu’elles se lancèrent dans un nouveau projet, encore plus farfelu que les précédents… « Petra est sur scène… mais elle aura fini, dans une vingtaine de minutes ! » Il était déjà 21 heures passé, si le premier spectacle était en cours… Lech n’avait pas même fait attention au temps passant. « Vous lui passerez juste le bonsoir de ma part. Je devrais y aller, il est tard… »

« Oh, avant ! Viens voir, on a besoin de quelqu’un de grand ! » Et, à peine fut-il levé qu’il fut happé par des mains pressées, qui l’emmenèrent devant une porte qu’il n’avait jamais franchi.  « Là, dans l’armoire du fond, il y a une grosse boîte. Tu peux la descendre ? » Le musicien acquiesça, et pénétra dans la pièce. Puis, quand il alluma la lumière, il se rendit compte de son état : poussiéreuse et pleine de boîtes… c’était un débarras. Un débarras étroit sans armoire, qui plus est. « Quelle armoire ? » Et, pour réponse, il y eut le claquement sec d’une porte, et le cliquetis d’une clef tournant dans une serrure.

Il lui fallut un temps avant de comprendre ce qu’il venait de passer. Un groupe de chipie venait de l’enfermer dans un débarras. Mais, il lui manquait quelque chose pour comprendre tout de l’histoire : pourquoi ? Voilà qu’un tas de scénario passaient de sa tête, tous plus horribles les unes que les autres. Lech les imaginait appeler la police, disant qu’elles avaient coincé le tueur qu’on leur avait signalé… ou en train de contacter les services secrets, pour leur remettre le monstre qu’elles avaient bravement capturé ! Lech détestait ne pas tout savoir des situations dans lesquelles il se retrouvait… Voilà qu’il sentait son corps défaillir sous la pression ! Fébrile, voulant se rapprocher de la porte, le châtain fit quelque pas, mais son pied atterrit sur quelque chose de mou… de brun, à poil humide. Un rat mort ?! Un cri, un bond, il se prend le pied dans une bretelle qui traîne, et tombe à la renverse, sa tête claquant fortement contre le sol en bois. « Ow ! » Ah, cela lui a bien fait mal… « Mais quelle bande de… » Il s’arrêta, avant de dire des mots vraiment peu dignes d’un gentleman.

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Petrouchka Wagner
la nuit je mens, à Paris je me fonds

MESSAGES : 677
DATE D'INSCRIPTION : 10/10/2015
Age : 28

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MessageSujet: Re: petra . la romance mise au débarras   petra . la romance mise au débarras EmptyMar 20 Oct - 1:38


la romance mise au débarras

C'était certainement l'une des premières fois où elle était contente d'être arrivée à destination. L'une des premières fois où, quand elle a poussé la porte d'entrée, elle lâcha un soupir de soulagement et non d'agacement profond. Elle était trempée, de la tête aux pieds, les cheveux qui laissaient glisser de fines gouttes de pluie, perles humides qui venaient caresser ses pommettes avant de tomber sur le parquet du Moulin Rouge. On l'observait, d'un œil distrait, les sourires qui s'étiraient à la vue de la jeune femme, essoufflée, le souffle haletant. On voulait lui proposer de l'aide, l'aider à prendre ses affaires, mais on la connaissait. On la connaissait trop bien pour savoir que ce ne serait qu'un simple regard d'incompréhension qu'elle laisserait passer. Pourquoi voulez-vous m'aider ? que les prunelles laisseraient insinuer. Comme toujours sur ses gardes, celle qui ne voulait pas qu'on lui tende la main pour qu'elle la rattrape, celle qui préférait se débrouiller seule quand bien même une épaule pour la soutenir ne lui ferait que du bien. Elle voulait se croire indépendante et même si on pouvait souligner le fait qu'elle restait débrouillarde, cela ne voulait pas dire qu'elle n'avait pas besoin d'aide. Elle ne l'avouait pas, ne se l'avouait surtout pas, ni aux autres. Mais eux, ça leur crevait les yeux depuis des années. Les deux frangins Wagner, ceux qui avaient toujours, tant bien que mal, gardé un œil aguerri sur la silhouette fragile de celle qu'ils considéraient comme la petite dernière de la famille. A protéger. Chérir, alors qu'ils étaient si peu expressifs si ce n'était dans la colère, dans la violence et dans l'impulsivité des coups portés. Il n'était pas rare, pour Petrouchka, de revenir avec quelques hématomes. Ici, et là, sur le corps frêle. Tâches qu'elle cachait facilement avec quelques coups d'éponge remplie de fond de teint, qu'elle étalait précipitamment sur les zones à recouvrir. Cacher les horreurs des Wagner, inventer des histoires. C'était facile, pour elle, de conter. Fabuler. Dans l'établissement, nombreux (pour ne pas dire tous), savaient qu'elle avait toujours eu ce problème. Comme une maladie, dont elle ne leur donnait pas le nom car cela faisait trop sérieux, trop grave. Le saignement facile, les traces violacées qui apparaissaient pour un rien.

Marchait celle aux pas félins, discrète, le sol qui ne grinçait qu'à peine. Sûrement les mouvements d'autres, de ceux qui s'entraînaient ou qui prétendaient être en plein milieu d'une répétition alors que l'on pouvait distinctement entendre les conversations qui n'avaient aucun rapport avec ce qu'ils étaient censés faire. Elle, elle ne disait rien. Elle n'avait pas son mot à dire, alors qu'elle prenait bien trop souvent ses aises pour se permettre une simple remarque désagréable envers les autres. Elle se souvenait, des débuts. Une année auparavant, à enchaîner les spectacles, soirées après soirées, nuits après nuits, la fatigue dans les jambes de la chétive, mais le succès qui venait frôler le bout de ses doigts. Et ça, ça s'était ressenti, aussi bien sur la clientèle et les affaires qui allaient bon train que sur le salaire qui venait remplir les caisses à la fin des mois. Puis la routine s'était installée. Les habitudes s'étaient ancrées dans les gestes de Petra. Monter sur scène quand elle le souhaitait. On le savait, qu'elle n'aimait pas forcément partager son corps, à la vue de tous. D'inconnus. Indécent. Alors à chaque, lorsqu'elle montait finalement sur les planches et que ça se courbait au rythme d'une mélodie plus ou moins festive, on était happé et les iris ne pouvaient plus quitter les mouvements effectués. Puis finalement, on applaudissait allègrement, on en demandait plus mais jamais, ô grand jamais ne prenait-elle le temps de revenir sur la scène. Déguerpir, le plus vite possible, laisser cette part de mystère derrière celle que l'on voulait entendre parler, pour une fois. On ne connaissait que son prénom, puis on voulait en savoir davantage. Petra. Ça n'en disait pas beaucoup, sur la personnalité derrière la carrure dansante. Les on-dits courraient. On la disait étudiante et on ne savait pas lui mettre un âge. « Petrouchka, voyons. Tu ne peux pas monter sur scène comme ça, pas avec les cheveux aussi humides. » Lentement, les doigts vinrent caresser les cheveux et elle laissa faire les doigts féminins et indélicats. Ça tirait, mais elle ne se plaignait pas, la mâchoire seulement serrée pour éviter d'énoncer des injures qu'elle aurait articuler sans réfléchir au préalable. Puis on lui tapota l'épaule, rapidement elle se retourna pour fusiller du regard. Contact. Peau contre peau. Elle ne les aimait pas. Elle n'appréciait que les autres la touchent quand elle ne  le voulait pas, quand instinctivement, elle ne faisait pas le premier pas pour tendre sa paume et frôler l'épiderme. Chose qu'elle ne faisait jamais. Qu'elle ne savait pas faire. Main tremblante qui préférait retrouver le long de son propre corps, les bras ballants.

Les projecteurs qui aveuglaient. Elle se sentait comme dans une salle d'interrogatoire. Comme dans les films, et c'était l'un des seuls côtés du spectacle qui l'amusait. Nous avons les moyens de vous faire parler. qu'elle se plaisait à penser, vieilles références dans le septième art alors que les lumières venaient lui brûler les rétines. Douce sensation de chaleur sous la clarté colorée. Elle en oubliait tout. Ceux qui l'observaient en sirotant un semblant de boisson. Ceux qui l'entouraient et l'accompagnaient dans la danse. Le temps filait, et elle n'y faisait même plus attention. Elle le laissait, partir et zigzaguer entre ces doigts. Si seulement ça pouvait ressembler à du ballet. Si seulement. Les applaudissements se firent entendre, engloutissant la salle alors qu'elle quitta le plancher afin de retourner dans les coulisses. Les mêmes groupes de filles, celles qui murmuraient, chuchotaient, jetaient des regards ici et là, à droite à gauche, puis pouffaient doucement de rire. Rire étouffé avec celles qui essayaient de calmer le jeu, de dissimuler la mascarade. Petrouchka, elle en avait tellement l'habitude qu'au final, elle n'y prêtait pas une grande importance. Elle voulut aller se débarrasser des paillettes et autres substances chimiques qui ornaient son faciès, qui réchauffaient les pommettes comme si l'atmosphère n'était pas déjà festive. Sensation qu'elle n'aimait pas, les joues qui chauffaient et l'envie de mettre une couche de tissus en plus sur le peu qu'elle arborait déjà. « Petra, Petra ! » Elle ne prit pas la peine de se retourner, le simple « Hm ? » qui se glissa pour faire comprendre qu'elle écoutait. D'une oreille. « Tu peux aller me chercher un carton dans la pièce, là ? » Soupir qu'elle laissa échapper, prête à demander pourquoi elle. « Il est un peu haut. J'arrive pas à l'atteindre... » Plausible. Elle ne cherchera pas à en savoir plus, Petra. C'était une explication qui avait tout son sens et quand bien même elle était de nature suspicieuse, elle n'en fit rien. L'autre, elle était si prêt d'elle, presque frôlant sa silhouette, mais elle ne fit pas réellement attention. Ça arrivait, parfois, qu'il n'y ait pas énormément de place pour chacun. Alors ça se poussait doucement, sans grande violence.

La porte, elle l'ouvrit. Poignée enfermée dans l'une des paumes, elle ne comprit pas l'enchaînement des actions alors que son faciès se tournait vers la jeune femme derrière elle. La main qui se pose dans le haut de son dos et qui la pousse brusquement. Et Petrouchka, dans sa maladresse légendaire, elle tomba, poussa ce cri des plus stridents et presque enfantin. Bam. La porte se referma. Clic. Le verrou, aussi. Dans l'action, elle n'avait pas tout saisi. Mais s'il y avait une chose qu'elle savait, c'est qu'elle n'avait pas percuté le sol. Elle aurait eu mal. Y avait quelque chose, en-dessous, qui avait amorti la chute. Et elle se demandait si c'était vraiment une bonne idée de vouloir savoir quoi. Ou plutôt qui. Dans la chute, elle a très bien vu. Mais ça aurait pu être une sorte d'hallucination. Il était si souvent présent, dans les coulisses. Alors, les yeux fermés par crainte de découvrir sur quoi elle était étalée de tout son long, de la manière la plus intelligente qui puisse exister mais surtout la plus maladroite et indécente, ses paumes vinrent tâter. Ici. Là. Quelque part. Les joues devinrent rosées. Pour son plus grand malheur, elle en avait touché, des corps. Puis les doigts vinrent frôler le visage. Homme. La main qui s'arrêta, qu'elle reporta vers elle. Corps qu'elle fit reculer, doucement, comme pour se glisser hors de la vue de l'autre. Elle rouvrit les yeux alors qu'elle s'en mordait la lèvre inférieure, de cette maladresse. « Je... Pardon. » Elle se redressa. Dévia son regard de la carrure, prunelles qui se posèrent sur la porte, tournant le dos. Elle savait, qui c'était. Elle avait conscience des rumeurs qui aimaient circuler. Petra, on sait que t'as l'béguin pour lui. « Mais qu'est-ce que vous faîtes là ?! » Ton agacé. Voix frustrée. Angoissée. Mais elle voulait faire sonner ça comme de la colère. « Allongé, par terre, à prendre vos aises. » Elle s'approcha de l'issue, fit tournicoter la poignée dans tous les sens possibles. Puis donna un coup de chaussure dans la porte.

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Lech Wronski-Geier
la nuit je mens, à Paris je me fonds

MESSAGES : 32
DATE D'INSCRIPTION : 15/10/2015

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MessageSujet: Re: petra . la romance mise au débarras   petra . la romance mise au débarras EmptyVen 23 Oct - 16:18


la romance mise au débarras

Son ouïe fut attirée par le bruit de la porte qu’on déverrouillait mais, encore hagard du fait de sa chute, Lech n’eut pas le temps de se lever pour en saisir la poignée, pour la tirer de sorte à pouvoir s’enfuir hors de cette horrible pièce. De plus, avait-il vraiment besoin de cela ? Devait-il forcément se montrer rustre, pour enfin regagner sa liberté ? Qu’avait-il fait, pour être ainsi traité ! Ah… Pendant quelques fractions de secondes, le châtain pensait qu’on ouvrait la porte pour lui permettre d’en sortir. Que tout cela n’avait été qu’une vilaine farce… Hélas, ses espoirs furent rapidement abattus.

Voilà que la porte, entrebâillée juste un moment, laissa passer un second corps. Lech avait entendu le froufrou d’un habit de scène, et un cri poussé par une voix jeune, féminine, et connue.  La surprise lui arracha un hoquet, et le choc un second – la nouvelle-venue tomba directement sur lui – comme si cela avait été cherché. N’aurait-elle pas pu atterrir sur le rat mort, ou dans les cartons environnants ? Les coups du sort s’enchaînaient dans un crissement de dents : rien de cela n’était fortuit.

Quand il découvrit le visage de l’être tombé par la porte, Lech eut un troisième hoquet, et tenta de laissa échapper un mot d’excuse, qui se traduit par… un quatrième hoquet. Voilà. Lech, être immortel, vengeur tout puissant, était secoué de spasmes diaphragmiens… enfermé dans un placard, avec étalé sur tout son corps, une danseuse de cabaret en tenue de scène bien légère. Comme si la situation n’était pas suffisamment embarrassante, elle se mit à tâter son corps d’homme, et lui perdit son regard sur ses formes dévoilées -  avant de le remonter alors qu’elle caressait son visage de ses doigts. Il croisa alors deux billes vertes lourdement cernées de maquillage, à l’air grave, et fixa ses yeux gris ailleurs, tentant d’échapper à un jugement silencieux qu’on semblait lui faire. Oh, il n’avait jamais remarqué qu’elle avait les yeux clairs… Les siens s’embuèrent sous l’effet de sa pudicité malmenée, et Lech sentit ses joues passer d’un froid de marbre au bouillant de la lave.

S’il avait pu se dépêtre de sous ce corps malvenu sur le sien, Lech l’aurait fait. Mais, raidi par le saisissement de ces mains saisissant son corps, il se sentait incapable de se mouvoir. Heureusement, la brune finit par, prestement, mettre de la distance entre leurs chairs, tout en s’excusant. A cela, le jazzman fut uniquement capable de réponde par un « hoc » qui fit tressauter tout son corps. L’idée qu’il ressemblait à  une grenouille morte et électrifiée lui traversa l’esprit. Il fixait béatement le vide, la bouche légèrement ouverte, encore à moitié allongé sur le sol. Oh, s’il avait trouvé un carton suffisamment grand pour y placer tout son corps, Lech aurait filé se cacher dedans ! Quelle misère que cette soirée !

La demoiselle ne semblait pas être ravie que de se trouver là, et Lech voulait bien lui pardonner cela. Certes, il était de compagnie agréable, mais seulement dans des situations agréables. Voulues, et attendues. Là, leur rencontre avait été créé par des mains qui les avaient poussés, bousculés l’un contre l’autre, dans un placard sombre et au contenu angoissant. Le musicien était de nature réservée, et n’appréciait pas qu’on force le contact. Il semblait être de même pour la bayadère : cette dernière ne s’était jamais accrochée à sa ceinture comme certaines osaient le faire, ni avait été jusqu’à le tripoter sans son consentement. Plus encore, elle avait toujours critiqué ses compères pour se montrer aussi familières avec Lech ! Enfin, c’en était ainsi jusque-là. Mais, ce qui venait de ce passer… cela avait été une erreur, créé par l’inattendu ! Tout, des réactions de la brune, semblaient pencher vers cette explication.

Instinctivement, Lech se redressa, pressant comme il pouvait ses grandes jambes contre son torse, les enserrant de ses bras  longilignes. Il se protégeait, se renfermait contre l’inattendu. Contre le contact inattendu… cela avait été aussi désagréable qu’agréable, en y repensant. Entre la douleur de la chute et l’abjection que tous deux avaient ressentis en pressant involontairement leur carne l’une contre l’autre, quelque chose s’était réveillé en Lech. Le désir de maltraitance, qu’il prit soin de refouler directement, préférant témoigner de l’outrance.

Il ne prenait pas ses aises, comme avait-elle dit. Et ce qu’il faisait là ? Bonne question ! Il pinça ses lèvres, puis prit à son tour la parole, d’une voix ferme. « Vos collègues ont trouvé bon de m’enfermer là. Je ne sais quel est leur but, mademoiselle Petra. » Petra… c’est en prononçant son prénom que lui revint en mémoire qu’il avait demandé où elle était. Oh, est-ce que cette situation venait d’une incompréhension ? Avait-il pensé qu’il désirait un moment d’intimité avec la jeune brune, comme d’autres clients en ont avec d’autres danseuses des lieux ? Non, cela n’était pas le genre de celle-là. Fuyante, presque effarouchée… Et, certainement pas dans les dispositions suffisantes pour se prêter au jeu du sexe contre l’argent. Cherchant dans sa tête d’autres raisons plus probables que la première, Lech reprit la parole. « Peut-être souhaitent-elles me laisser enfermer ici, jusqu’à ce que je les supplie de m’ouvrir, pour faire de moi un jouet plus obéissant ? » Toute théorie était bonne… mais cela n’expliquait pas pourquoi Petra se trouvait là. Le châtain voulut tenter de la regarder, mais il eut encore un hoquet, ce qui le fit planter sa tête entre sa poitrine et ses genoux, embarrassé.

« Je n’y suis pour rien, dans cette situation » finit-il par gronder, voulant bien faire comprendre qu’il était, comme elle, une victime et non pas un bourreau. Oh, il s’était fait avoir par une troupe d’humaines vêtues de talons et paillettes ! Comme c’était ridicule, humiliant ! Et tous ces sentiments négatifs l’empêchaient de penser à trouver une solution, plutôt que de tenter de disparaître en s’enroulant sur lui-même.

« Hoc ! »

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